Numéro 8

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Plural Pluriel n°8 - couverture: Ingrid Peruchi d'après tableau de Sônia Rangel. Droits réservés.


EDITORIAL

Le thème du dossier de ce numéro 8 s’est imposé à l’Equipe éditoriale à partir de l’existence d’un Document de qualité, digne de publication: la « Galerie de portraits », organisée en collaboration avec une équipe de doctorants à l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense.

Au-delà de cette galerie de portraits, rédigés en français, destinée à diffuser les noms de femmes qui ont fait et font encore le théâtre brésilien, c’est l’histoire et la spécificité de cette présence prégnante et représentative d’un large pan de l’histoire du théâtre qui demandaient à être connues, reconnues, analysées et comprises.

Plusieurs des articles ont donc été demandés à des spécialistes de l’histoire des femmes et de l’histoire du théâtre, d’un genre théâtral ou d’une artiste en particulier. Mais les actrices ne sauraient exister sans les rôles de femmes que leur proposent auteurs et metteurs en scène. C’est donc bien sur une acception large, et parfois contradictoire, du rôle des femmes dans le théâtre brésilien que s’est construit ce numéro.

 

L’analyse historique impose, dans un premier moment, sa vision chronologique avec les études de Ângela Reis et Valéria Andrade, consacrées à la même période – la seconde moitié du XIXe siècle et le début du XXe – qui privilégient, pour la première, l’actrice et, pour la seconde, l’auteure dramatique. Dans les deux cas, il s’agit de pionnières, cependant ces femmes ne sont jamais isolées mais, bien au contraire, très profondément ancrées dans leur siècle, dont elles partagent les idées et les combats.

 

La vision de la femme par la société brésilienne domine dans les études de Barbara Heller et Ferdinando Crepalde Martins, qui viennent ensuite. Que ce soit dans le cadre du « théâtre de revue », genre prépondérant dans les années 20 et 30 du XXe siècle, où les femmes sont nombreuses, que sous l’optique de la censure définissant, dans ces années et jusque dans les années 60, ce que devraient être la place et l’image de la femme sur scène, c’est bien le regard de l’autre, l’autorité masculine et patriarcale ou même ouvertement répressive de l’Etat autoritaire, qui assigne et renvoie les femmes à ce qui devrait être « leur place » dans la société et donc sur la scène.

 

Les études suivantes – de Edilene Dias Matos et Heloisa André Pontes – s’intéressent à deux actrices d’exception, représentant leur siècle avec leurs différences : Eugênia Câmara, poète et actrice portugaise que la critique enferma longtemps dans le rôle de « muse » du poète Castro Alves, et Cacilda Becker, dont la vie se confond avec l’histoire du théâtre brésilien du XXe siècle et dont la mort fut saluée par le poète Carlos Drummond de Andrade : « A morte emendou a gramática. Morreram Cacilda Becker. Não era uma só. Era tantas ».

 

Le théâtre au féminin exige des rôles de femmes et le théâtre moderne semble avoir reconnu, avant la société brésilienne, peut-être, la place de la femme en créant des personnages marquants, de femmes exceptionnelles, ou rendues telles par la plume, la voix et le geste de leurs créatrices sur scène. C’est à ces rôles que sont consacrées les trois dernières études de ce dossier : Giulia Manera parle à la fois de l’auteure et de ses créations avec les personnages féminins de l’œuvre théâtrale de Rachel de Queiroz ; Mariene Hundertmarck Perobelli évoque un processus de création singulier d’un personnage féminin éminemment pluriel, dû à Rubens Rewald. Et l’étude finale, de Hebe Alves, consacrée à la mise en scène d’une pièce de Nelson Rodrigues, permet de croiser, avec brio et humilité,  les pratiques de l’actrice devant son rôle et de la metteure en scène, qui est aussi actrice, enseignante et chercheuse.

 

La plupart des études de ce numéro sont dues à des enseignantes et chercheuses d’universités brésiliennes, qui sont également, le plus souvent, des auteures dramatiques, des actrices et/ou des metteures en scène. Leur regard critique se double d’un geste créatif, dans une pratique théâtrale multiple et riche.

 

Cette multiplicité de talents et de visions nous a paru symbolisée dans le tableau de Sônia Rangel, artiste, peintre et poète, professeure et metteure en scène. Mais le choix de son œuvre pour illustrer la couverture de ce numéro est aussi, et surtout, dû à un « coup de foudre » pour la beauté lumineuse et la légèreté de cette image de femme, à la jupe étoilée, survolant la ville et la vie. Merci à Sônia ainsi qu’à Enéas Guerra et Valéria Pegentino, propriétaires de l’œuvre, d’en avoir cédé gracieusement la reproduction pour ce numéro 8.

 

Comme il est de coutume, la revue est complétée, outre les comptes-rendus et le Document, par différentes informations concernant la Recherche dans notre Centre de recherches interdisciplinaires sur le monde lusophone - CRILUS, de Nanterre. Parmi celles-ci, relevons la plus récente, le Prix du Meilleur Etudiant Lusophone (de France), remis récemment à notre doctorante et jeune collègue, Vanessa Sérgio, qui a déjà collaboré à Plural Pluriel n° 3 (printemps-été 2009) avec une excellente entrevue de David Brookshaw. Notre joie à voir son talent reconnu se double de la satisfaction de l’avoir aidé à s’épanouir !

 

PLURAL PLURIEL, revue des cultures de langue populaire, souhaite satisfaire ses lecteurs et accueille, avec joie, leurs suggestions, leurs propositions, leurs articles et leurs critiques.

 

 

Idelette Muzart – Fonseca dos Santos

Directrice de ce numéro et de la publication

 

 

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